La danse des abeilles, un moyen de communiquer

La danse des abeilles, un moyen de communiquer

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  La vie de la rucheles abeilles  

La danse des abeilles est un manière de communiquer pour les abeilles butineuses ou exploratrices. Celles-ci représentent environ 5 à 25 % de la colonie et sont souvent les plus âgées et les plus expérimentées. 

C'est l’ethnologue Autrichien Karl von Frisch  (1886-1982), dans son ouvrage Vie et mœurs des abeilles qui a décrypté les différents modes de communication des abeilles. La danse permet aux butineuses de transmettre  la distance et la direction de la source de nourriture afin que celles qui vont partir butiner trouvent facilement le nectar et le pollen des fleurs nécessaires à la production de miel. Suite à cette découverte, plus de 1528 danses des abeilles ont été analysées.

Les différents types de danse

1 - La danse d'orientation alimentaire

Quand la butineuse ou l'éclaireuse revient dans la ruche après avoir trouvé une source de nourriture, elle transmet le nectar stocké  dans son jabot ou le pollen collé à ses pattes. Elle peut alors se mettre à danser afin de leur indiquer l’emplacement  où elle a trouvé la nourriture. 

Les abeilles émettent avec les ailes un son particulier et transmettent l'odeur du nectar dont elles veulent communiquer leur position lors de cette danse. Plus la danse est rapide et longue plus la ressource est abondante. Elles renseignent aussi sur le type de plante et sa position autour de la ruche, les abeilles qui étaient en attente vont alors partir à la recherche de cette nourriture. 

 La danse en rond ou circulaire indique que la source de nectar est proche, dans un rayon de moins de cinquante mètres.  Les autres abeilles, qui suivent la danseuse en la palpant avec leurs antennes, détectent le parfum de la source de nectar dont son corps est imprégné.

La danse en huit (frétillante) indique une ressource en nourriture située à une plus grande distance. Dans ce cas, la butineuse s’oriente par rapport à la direction du soleil : en plus de ses deux yeux composés, elle dispose, sur le haut de la tête, de trois ocelles, des yeux simples qui, sensibles à la lumière polarisée, permettent de repérer le soleil au travers des nuages.

L'abeille découvreuse décrit une courte ligne droite, puis un demi-cercle, pour revenir à son point de départ, elle parcourt à nouveau le diamètre, effectue un nouveau demi-cercle, de l'autre côté, et recommence. Pendant les trajets en ligne droite, le corps de la danseuse est porté en avant, les pattes fermement en contact avec le support, et elle frétille rapidement, à la manière d'un pendule. En suivant la danseuse, les autres abeilles reconnaissent l'odeur de l'espèce de fleur à explorer, et obtiennent aussi des informations sur la direction de la ressource et sa distance par rapport à la colonie. La danse frétillante est d'autant plus rapide que la source de nourriture est proche (neuf à dix « 8 » complets en quinze secondes quand la source est à cent mètres, sept à deux cents mètres, quatre et demi pour un kilomètre, deux seulement pour six kilomètres2), et l'angle formé entre la verticale et l'axe de la danse rectiligne est le même que celui formé entre la direction du soleil et celle de la nourriture. Au fur et à mesure de la course du soleil, la danseuse modifie l'angle de sa danse.

Sur les rayons, disposés verticalement, la butineuse se comporte comme précédemment, mais entreprend une danse différente : elle commence par décrire un demi-cercle, puis elle revient vers son point de départ, en suivant une ligne droite, le diamètre ; de retour à son point de départ, elle parcourt l'autre demi-cercle, dans l’autre sens, puis parcourt à nouveau en ligne droite le diamètre précédent, avec le même sens de parcours. Ce cycle dont la forme rappelle celle d'un huit est parcouru de nombreuses fois. Lorsqu’elle parcourt le diamètre, l'abeille frétille en agitant l'abdomen latéralement.

Danse en « huit », les ondulations symbolisent le frétillement (déplacement selon les flèches)

 

Indication d’une source de nectar située à 60° à droite par rapport à la direction du soleil

 

Indication d’une source de nectar située à 150° à droite par rapport à la direction du soleil.

La direction du diamètre indique celle de la source de la miellée. Imaginons un cadran avec la ruche au centre, et le soleil placé au-dessus à la verticale. Sur ce cadran, l’abeille se dirige du centre vers la source de nourriture. Si la source de nourriture est dans la direction du soleil, l’abeille va se diriger verticalement de bas en haut sur la ligne droite. Si la source se trouve à 30° à droite par rapport à la direction du soleil, la ligne droite qu’elle décrira sera inclinée de 30° à droite par rapport à la verticale, elle la parcourra de bas en haut. Si la miellée est à l’opposé du soleil, son trajet se fera alors de haut en bas.

Quant à la distance de la source de nectar, elle est indiquée par le nombre des mouvements latéraux de l'abdomen, lors d'une phase vibrante, ou par la durée de celle-ci (mesure équivalente) : ainsi plus le nombre de mouvements est important, plus la source de nourriture est éloignée.

La qualité de la source de nourriture est indiquée par la vitesse de retour lors des demi-cercles effectués sans frétiller. A contrario, la butineuse émet un « signal stop » (mécanisme de rétroaction négative) pour signaler à la colonie un danger (par exemple elle a été attaquée par un prédateur, elle a senti sur les fleurs des phéromones de stress, elle a dû se battre avec des abeilles d'autres colonies et a été vaincue, etc.).

2- La danse vers un site d"essaimage

un autre mode de danse des abeilles a été déchiffré par Martin Lindauer  en 1951, appelée la « danse du domicile » ou « danse de l'essaim » : une fois l'an, pendant quelques heures ou quelques jours, se produit une danse frétillante exécutée par les éclaireuses en plein air sur le dos d'abeilles qui se sont posées en essaim sur une branche après avoir abandonné leur domicile pour en choisir un autre. La colonie laissant aux éclaireuses le pouvoir de décider de ce choix, il s'agit de l'équivalent d'une démocratie par délégation car des processus de rétroaction positive et négative montrent de véritables débats contradictoires lors de ce choix.

3 - la danse de stimulation des ouvrières

Thomas Seeley décrit une danse de stimulation des ouvrières qu'il appelle "danse du tremblement". C'est la danse que font les butineuses lorsqu'il n'y a pas assez d'ouvrières pour décharger rapidement le nectar qu'elles ramènent. Les butineuses vont alors vers des ouvrières inactives pour faire une danse de tremblement qui constitue un signal pour leur demander de se mettre au boulot et aider à décharger le nectar entrant.

Les butineuses alternent donc entre danse d'orientation alimentaire quand elles ont besoin d'aide pour ramener le nectar et danse de tremblement quand elles ont besoin que plus d'ouvrières aident à décharger le nectar. Ce sont donc elles qui organisent les cadences de production de la ruche.

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